mercredi 26 juillet 2017

Bagdad, la grande évasion !

Saad Z. Hossain
Agullo éditions
EAN : 9791095718222

sorti le 13 avril 2017
384 pages


Prenez une ville ravagée par la guerre : Bagdad, 2004.
Prenez deux types ordinaires qui tentent de survivre ; ajoutez un ex-tortionnaire qui veut sauver sa peau, un trésor enfoui dans le désert, un GI bouffon mais pas si con.
Incorporez un fanatique religieux psychopathe, un alchimiste mégalo, une Furie et le gardien d'un secret druze.
Versez une quête millénaire dans un chaos meurtrier chauffé à blanc ; relevez avec sunnites, chiites, mercenaires divers et armée américaine.
Assaisonnez de dialogues sarcastiques et servez avec une bonne dose d'absurde.

Mon avis : Le roman se déroule à Bagdad pendant la guerre du Golfe. Deux hommes tentent de survivre, comme ils le peuvent. Le premier, Kinza, est un délinquant qui n'a pas froid aux yeux, le deuxième, Dagr, un ancien professeur, moins lâche qu'il ne semble lui-même le penser. La grande aventure commence lorsqu'ils décident de partir à la recherche d'un trésor secret d'après les informations de leur otage, un ex-tortionnaire du régime. Pour cela, ils sont aidés d'un GI bouffon mais pas si con, comme le dit si bien le résumé, mais leur méthode de survie les  mène rapidement à se mettre à dos les plus puissants adversaires. Sans compter qu'ils ont récupéré une mystérieuse montre, qui ne donne pas l'heure mais attire les convoitises... Le lecteur se retrouve ainsi au milieu d'une guerre des factions, de conflits politiques, culturels et religieux, où s'enchaînent des situations plus absurdes les unes que les autres.
Saad Z. Hossain dénonce ici une guerre insensée avec beaucoup d'humour, des combats débordant de violence et de réalisme, et le tout en vulgarisant les différentes factions et leurs complexités. Les personnages sont complètement fous, prêts à tout puisque, pour la plupart, ils ont déjà tout perdu... Et les dialogues entre eux sont hauts en couleurs, cyniques, impossible de s'ennuyer, les scènes se succèdent en un rythme effréné, à couper le souffle. Ce livre est une petite merveille, totalement barré !

Un récit original où la démesure tient la première place, où se côtoient émotion, humour, philosophie et action.




"Il devrait avoir un procès.
- Par la corde ou par les armes ?
- Un procès équitable.
- De quoi tu parles, merde ?"
Bagdad, la grande évasion

dimanche 23 juillet 2017

Au secours ! Les mots m'ont mangé

Bernard Pivot
Allary Editions
EAN : 9782370730893

sorti le 7 avril 2016
101 pages



Ecrit par admiration des écrivains, dit sur scène par son auteur, ce texte est une déclaration d'amour fou à notre langue. Bernard Pivot y raconte la vie d'un homme qui, malgré ses succès de romancier - invitation à Apostrophes, consécration au Goncourt -, a toujours eu l'impression d'être mangé par les mots. Leur jouet plutôt que leur maître. Un hommage malicieux, inventif et drôle aux hôtes du dictionnaire.

Mon avis : Ayant l'impression, comme le dit Bernard Pivot, que "ce sont les mots qui nous grignotent, [...] les livres qui nous avalent" et non pas l'inverse, j'étais curieuse de lire Au secours ! Les mots m'ont mangé. Et je dois avouer que je suis ressortie assez déçue de ma lecture.
Tout d'abord, si le sujet m'intéressait en lui-même, une fois passé sous la plume de Pivot je l'ai trouvé creux, manquant de substance. L'écrivain raconte sa relation aux mots mais en passant à côté du sujet, comme si ce thème ne lui servait qu'à raconter sa vie (fictive) et à remplir son livre de jeux de mots, justement. Ce point-ci est amusant, on réfléchit sur les sens des mots, la difficulté de la langue française, mais en restant en surface et je trouve ça dommage ; on en apprend plus sur la vie d'écrivain, le monde littéraire que sur les mots en eux-même.
Le deuxième point qui m'a déplu, mais sans que ça ait un véritable impact sur ma lecture je pense, est l'écriture. En général simple, accessible, avec beaucoup d'humour et de finesse, l'auteur utilise parfois du vocabulaire décalé avec le style qu'il prend pour narrer, ce qui donne l'impression qu'il se fait mousser. Et c'est bien là le principal problème que j'ai eu avec ce livre ; j'ai trouvé le narrateur terriblement antipathique, trop prétentieux et débordant de fausse modestie.

Un livre drôle qui joue sur les mots, mais attention à l'ego surdimensionné.




"Les écrivains ne sont que des tigres de papier."
Au secours ! Les mots m'ont mangé

vendredi 14 juillet 2017

La maison des épreuves

Jason Hrivnak
Editions de l'Ogre
EAN : 9791093606538

sorti le 5 janvier 2017
144 pages



"Le test commençait avec les deux amoureux assis face à face, par terre, chacun armé d'un couteau et chacun relié par intraveineuse à une réserve illimitée de sang d'un groupe sanguin spécifique. A un signal, chacun devait trancher la carotide de l'autre. L'idée du test consistait à se regarder dans les yeux le plus longtemps possible. La réserve de sang devait leur permettre en théorie de perdre leur sang indéfiniment,mais à l'instant où l'un d'eux cessait de regarder l'autre,la transfusion s'arrêtait et les deux sujets mouraient. Je précisais que par la suite un obélisque en pierre rouge devrait être dressé à l'endroit où avait eu lieu l'épreuve [...] Je prévoyais un monde jonché de ces étranges monuments rouges, offerts à l'admiration des êtres solitaires qui ignoraient l'amour, et comme autant d'insultes aux parents endeuillés."

Mon avis : Lorsque le narrateur apprend que Fiona, son unique amie d'enfance, avait gardé sur elle la page déchirée du test des amoureux quand elle s'est suicidée, il décide de terminer leur projet de Maison des épreuves. Ce délire de jeunesse lui semble être la solution, tardive, à la mort de Fiona ; si ils l'avaient fini plus tôt peut-être serait-elle toujours de ce monde. Un dernier acte d'amour, tout ce qu'il y a de plus morbide, pour prouver l'existence de la jeune femme dans sa vie.
Cette explication est donnée lors de la scène d'exposition, une trentaine de pages, avant que le style ne change radicalement. Les trois sections suivantes sont des tests, non sans rappeler ces livres dont vous êtes le héros à la différence près que quelque soit nos choix la lecture reste linéaire. Une situation amène à la suivante, peut importe ce que l'on ait décidé. Les tableaux s'enchaînent, oniriques et dérangeants. On retrouve un point de vue d'enfant, la beauté et la cruauté de la vie teintées d'une innocence morbide, mais écrit par un adulte hanté par ses souvenirs. Les personnages, Fiona et le narrateur, sont facilement reconnaissables dans les situations imaginées, où l'amour qu'ils ressentent à quelque chose de malsain tout en ayant une pureté idéalisée pour des êtres plongés dans leur propre univers. Et pourtant, aucun nom, aucune description ne prouvent leur existence au sein des ces pages et ces situations pourraient tout aussi bien nous arriver. D'ailleurs, le lecteur devient finalement le protagoniste de ces épreuves.
L'écriture de ce livre tout comme l'originalité de son sujet peuvent plaire ou déplaire. Je suis personnellement ressortie de ma lecture mitigée car très mal à l'aise, une chose est sûre c'est que ce n'est pas un ouvrage agréable à lire. Mais je ne pense pas que ce soit son but et juste pour la façon dont il nous fait regarder d'une nouvelle manière le monde qui nous entoure, l'expérience qu'il nous fait vivre, il mérite d'être connu et expérimenté.

Un labyrinthe cauchemardesque dont on ne peut ressortir indemne.




"Telle était l'économie de base du Terrain d'essai : la torture en échange d'un aperçu de ce que le cœur désirait. Nous concevions des épreuves dans lesquelles des garçons laids se faisaient aimer de jolies filles en se brisant les pieds avec un marteau."
La Maison des épreuves

dimanche 9 juillet 2017

Breakfast at Tiffany's

Truman Capote
Penguin Books
EAN : 9780141182797
sorti en 2000
160 pages


Holly Golightly adore traîner chez Tiffany, parce que tout y est beau. Holly au pas léger, gracile comme un songe, comme une Audrey Hepburn moulée dans une robe noire devenue légendaire, traverse l'existence telle un chat qui, n'ayant pas de nom  s'en invente un.
De son passé de Lulamae, il lui reste pourtant quelque chose de plus profond que la frivolité qu'elle affiche avec impertinence, une absence de lest qui conduit à une existence de courants d'air.
Jusqu'au jour où, des années après la disparition de la gosse, une photo vient raviver le souvenir de sa voix rauque et de sa silhouette de vent dans la mémoire du narrateur, qui lui fournira un hommage littéraire en guise de racines.

Mon avis : Ce livre comprend quatre nouvelles dont le point commun sont des personnages aux vies difficiles racontées avec beaucoup de tendresse et de sensibilité.
La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, raconte la vie de la jeune Holly Golightly à travers les souvenirs qu'en a le narrateur. C'est la nouvelle que j'ai préférée car Truman Capote a vraiment réussi à faire un personnage d'une force surprenante pour un nombre de pages si court : foncièrement indépendante, un peu folle, elle a un tempérament de feu, peu courant pour son époque, et croque la vie à pleines dents. Mais au-delà de cette facette se cache une jeune femme profondément blessée et extrêmement fragile.
La deuxième nouvelle, "House of flowers", narre le coup de foudre puis l'union d'une jolie prostituée avec un homme venu des montagnes. Elle sacrifie la vie facile qu'elle avait en ville pour vivre son amour et son rêve malgré toutes les peines que cela impose.
Dans "A diamond guitar", on suit l'amitié de deux prisonniers, un vieil homme condamné à quatre-vingt-dix-neuf ans et un jour de prison et un jeune délinquant plein d'imagination qui décide de les faire s'évader.
"A Christmas memory" est la deuxième nouvelle qui m'a le plus touchée. Une vieille femme et un enfant sont liés d'une forte amitié, et malgré leur séparation forcée, les souvenirs de Noël et de leur tendre complicité ne seront jamais oubliés.
Si les personnages sont de caractères différents dans ces quatre textes, ils jouent tous d'un attrait, d'un charme irrésistibles, renforcés par la vision poétique et subtile qu'en donne Truman Capote. Ils mènent leurs vies comme ils l'entendent, la tête remplie de rêves qu'ils partagent sans le vouloir avec ceux qui les approchent.

Des nouvelles superbes, pleines de nostalgie et de lumière.




"I don't want to own anything until I find a place where me and things go together."
Breakfast at Tiffany's

samedi 1 juillet 2017

Bilan de juin

Ce mois-ci, je suis un peu déçue, pas des livres qui ont tous été de géniales découvertes, mais j'ai eu l'impression de ne pas avoir le temps de lire et ça m'a un peu - beaucoup - dérangé. Pareil, désolé pour les avis complètement irréguliers, j'ai eu quelques soucis avec Internet (deux semaines sans pour être précise...) qui m'ont empêché de poster mes billets...
Mais bon, je ne dois pas me plaindre ; j'ai de nouveau plein de livres à réussir à placer dans ma bibliothèque, et j'ai pu assister à une soirée organisée par les éditions Zulma... et ça, c'est que du bonheur !

Livres lus
L'univers en folie de Fredric Brown
"Galaxies identitaires", Apulée n°1
Rosa Candida de Audur Ava Olafsdotir
Loin de Damas de Omar Youssef Souleimane
Invitation au japonais de Colette Batsch et Jean Mathieu
Les aventures de Nick Adams de Ernest Hemingway
Prime Time de Jay Martel

Bilan des challenges
2213 pages lues
7 livres
dont 3 de la PAL 2016

Les petits nouveaux
Krabi de Park Hyoung-su
L'étoile Absinthe de Jacques Stephen Alexis
Loin de Damas de Omar Youssef Souleimane
Les aventures de Nick Adams de Ernest Hemingway
ノルウェイの森 (La balade de l'impossible) de Haruki Murakami