dimanche 26 mars 2017

Là-bas, c'est toujours loin

Corine Koch
L'Harmattan
EAN : 9782343106915

sorti le 2 janvier 2017
126 pages
langue française

Merci aux éditions L'Harmattan et à Livraddict pour ce livre.

En 1974, Sahraan quitte son île pour s'installer en France, ses souvenirs et un plant d'arbre pour seuls bagages. Il va maintenant vivre à V..., dans l'espoir de donner une vie meilleure à sa famille restée au pays en attendant qu'elle puisse le rejoindre.
Seize ans plus tard, Maira est à la recherche de ses origines. Son père est parti dans la nuit des années auparavant, elle ne garde aucun souvenir de lui. Jusqu'au jour où, en fouillant dans les affaires de sa défunte mère, elle trouve une vieille photo, floue. Sa quête l'emporte alors là-bas, au loin, dans un pays qu'elle ne connaît pas.

Mon avis : Il ne faut pas être un grand devin pour comprendre dès le résumé que Sahraan est ce père disparu, et le livre ne fait aucun mystère sur ce point. Dès son arrivée en France, l'homme explique sa présence et ses espoirs. On va le suivre dans ses tentatives d'intégration, le voir dans ses efforts pour apprendre la langue. Sa vie est un combat quotidien, contre le déracinement, contre le racisme, contre l'absence... Dans cette France rurale, sa différence effraie, ou attise la curiosité, et c'est de manière très touchante que Corine Koch décrit ce que peut ressentir un homme qui a tout quitté par amour pour sa fille.
De l'autre côté, on a le point de vue de Maira, fille élevée dans le mystère de cette absence. Elle a vécu pendant seize ans sans père, dont la seule image qu'elle possède vient des histoires de son grand-père. Elle a vécu dans la culpabilité et la tristesse, ressentant un manque qu'elle était incapable de combler. 
J'ai vraiment tout aimé dans ce roman, l'écriture fluide et haletante, la force et la profondeur des personnages... Sans rentrer dans les détails, je dirais juste que l'arbre a une importance capitale et que sa présence me donnait vraiment l'impression d'être dans un conte, comme si il enveloppait tous les passages qui le concerne d'une aura onirique, et on sait à quel point j'aime l'onirisme ! Mais il y a un détail qui m'a surtout surprise : malgré la promesse faite à sa femme, Sahraan envoie des lettres à sa fille, lettres qu'elle n'aura jamais vraiment l'occasion de lire au contraire du lecteur. Ces lettres sont écrites en portugais et la traduction est dans les notes de fin. J'ai trouvé ce parti très intéressant, et j'ai beaucoup aimé avoir cette dualité de langue qui rappelle les efforts du personnage pour apprendre le français.

Un livre magnifique sur l'absence, l'amour filial, le déracinement et la quête des origines.



"Pour se délivrer de l'odeur de la canne à sucre, de l'ombre protectrice des montagnes, du profil soucieux d'un visage penché sur un livre de comptes, il ne peut employer d'autres mots que les siens. Il rend au pays ce qui l'entrave ici."
Là-bas, c'est toujours loin

2 commentaires:

  1. Merci Aiko ! Vous m'écrivez à partir de la page L'Harmattan pour que nous entrions en contact ?
    A bientôt
    Corine Koch

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    1. Merci pour votre passage, et pour ce superbe roman. Je vous ai envoyé un message depuis la page de L'Harmattan, n'hésitez pas à m'écrire dès que vous le souhaitez !

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